• jeudi 28 février 2013

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La nouvelle révolte du kif dans le Rif

MAROC HEBDO INTERNATIONAL N° 1010 - Du 01 au 07 février 2013

glaoui

Protestations.  À Al Hoceima, des affrontements ont eu lieu entre les habitants de Bni Jmil et Ketama et les forces de l’ordre à cause de la décision d’interdiction de la culture du kif dans la région.

Par Marouane Kabbaj

Des milliers d’habitants des communes de Beni Jmil et de Ketama, province d’Al Hoceima, ont bruyamment manifesté, samedi 26 janvier 2013, devant les sièges du caïdat, de la commune et de la gendarmerie royale, leur mécontentement contre cette décision.
Les manifestants, qui scandaient, entre autres slogans, “Des alternatives et du pain”, sont allés jusqu’à barrer la route côtière entre Al Hoceïma et Tétouan avec des amas de pierre, demandant le départ du nouveau commandant de la gendarmerie royale pour son approche sécuritaire dans la gestion de ce dossier. Les protestations ont fini en affrontements avec les forces de l’ordre. L’intervention de deux députés de la région, Noureddine Mediane, du parti de l’Istiqlal, et Mohamed Al Aaraj, du Mouvement Populaire (MP), a permis le retour au calme dans la région dans la même journée.  Une enquête a été ouverte à ce sujet par les services de la gendarmerie royale, sous la supervision du parquet général. Les autorités locales n’écartent pas la thèse selon laquelle des parties, animées par des calculs électoralistes, seraient derrière l’incitation des citoyens à protester contre ce genre de campagnes.

Interdiction critiquée
Les députés Noureddine Mediane et Mohamed Al Aaraj ont un avis contraire. Ils ont vivement critiqué l’interdiction imposée aux agriculteurs en cette période de récession économique. Dans le Rif, ou plus exactement à Al Hoceima, la culture du kif et du cannabis est l’unique activité des régions de Targuist, Ketama et Bni Boufrah et de 15 autres communes d’Al Hoceima. «A défaut d’une alternative qui permette aux petits agriculteurs de subsister, ces derniers continueront à cultiver le kif. Outre le fait qu’il est utilisé comme drogue, le kif entre également dans la composition de plusieurs traitements de la médecine ou médicaments de la pharmacopée modernes. Le petit agriculteur vend cette substance à 60 dirhams/kilo. Ce sont les intermédiaires des grands dealers qui en profitent en le transformant et le revendant à 3000 dirhams/kilo», déclare Nouredine Mediane, un défenseur de la légalisation de la culture de cannabis.
Le Maroc est l’une des principales sources de résine de cannabis et de haschisch dans le monde.
C’est dans la région du nord du pays que se concentre cette culture. La culture de cette plante s’est propagée au cours des 30 dernières années (environ 134.000 ha). La palme de la culture du cannabis revient à la province de Chefchaouen (50%), suivie de Taounate (19%) et Al Hoceima (17%). Une culture que les agriculteurs de ces régions ne sont pas prêts à abandonner s’il n’y a pas d’alternatives aussi rentables

Mis à jour ( Vendredi, 01 Février 2013 20:00 )